1.
Résultats globaux

Sur le bassin rhodanien, la Durance, la Cèze, l’Ardèche, et le Vieux Rhône de Donzère ont bénéficié de suivis quantitatifs en 2021. Le Gardon n’a pas été suivi faute de maitrise d’ouvrage. Des prospections ponctuelles ont néanmoins pu être réalisées. Concernant les fleuves côtiers, le Vidourle et l’Aude ont bénéficié de suivis quantitatifs. Parmi les 602 bulls comptabilisés, 445 l’ont été sur des fleuves côtiers et principalement sur l’Aude, ce qui confirme l’enjeu de ce cours d’eau pour l’Alose. Avec seulement 157 bulls sur l’axe Rhône, le résultat est en forte baisse par rapport aux dernières années, et particulièrement faible par rapport au début des années 2000.
Des géniteurs ont été observés sur la Durance (aval seuil 68), la Cèze en aval de Chusclan, l’Ardèche en aval des gorges, sur les deux sites du Vidourle (Saint-Laurent-d’Aigouze et Marsillargues), ainsi que sur l’Aude à l’aval de Moussoulens. Aucune activité de reproduction n’a pu être enregistrée sur les sites plus amont, comme l’Ardèche en amont des gorges ou l’Aude à Saint Nazaire.
2.
Résultats par site
BASSIN DU RHÔNE
Sur la Durance, 23 nuits de suivi ont été réalisées entre le 5 mai et le 15 juillet, avec de la reproduction avérée entre le 31 mai et le 5 juillet. Au total, seuls 21 bulls ont été observés. Ce résultat, le plus faible jamais enregistré sur la Durance, confirme l’effet délétère des restitutions hydroélectriques sur l’activité de reproduction. Cette dernière a principalement eu lieu lorsque les débits ont baissé, notamment début juillet, une période très tardive pour la reproduction de l’espèce. Cette conclusion conforte des observations similaires déjà réalisées les années précédentes.
Sur la Cèze, le suivi a été réalisé du 4 mai au 14 juin 2021. Les aloses se reproduisaient déjà au démarrage du suivi et les résultats laissaient présager une bonne saison de reproduction. Toutefois, l’activité a été fortement réduite par la crue du 11 mai. En effet, sur les 63 bulls observés, 43 ont été recensés entre le 4 et le 10 mai. Les 20 bulls restants ont été ponctuellement enregistrés entre le 26 mai et le 8 juin.
Sur l’Ardèche, le suivi s’est déroulé du 1er mai au 29 juin. 57 nuits de prospections ont été réparties sur 2 secteurs : Salavas Ibie / Petite Mer en amont des gorges (23 nuits) ; Sauze / Saint Martin d’Ardèche en aval des gorges (25 nuits. 9 nuits supplémentaires ont été réalisées sur les secteurs situés en amont des gorges (Aval sous-Roche). Seuls 17 bulls ont été comptabilisés, tous observés sur les secteurs de Sauze et Saint-Martin d’Ardèche. Comme sur la Cèze, le suivi sur l’Ardèche a été compromis par une forte crue le 11 mai (plus de 1300 m3/s ont été enregistrés). 12 des 17 bulls ont été observés avant cette crue.
La reproduction sur la frayère de Sauze s’est déroulée uniquement après la crue. Les aloses ont sans doute profité des débits soutenus de la mi-mai pour franchir le seuil de Saint-Martin d’Ardèche. Depuis plusieurs années, cet ouvrage est rendu quasiment infranchissable en basses et moyennes eaux par un atterrissement important en amont. Cette altération limite fortement les effectifs d’Aloses susceptibles de coloniser l’Ardèche, ainsi que l’utilisation des nombreux habitats de qualité à l’amont.
Sur le Vieux-Rhône de Donzère, le suivi a été contraint par les forts débits sur la quasi-totalité du mois de mai. Le suivi n’a donc réellement démarré que le 26 mai. Seuls 4 bulls ont été observés après cette date sur les frayères naturelles. La présence d’aloses sur les frayères naturelles a également été confirmée par des analyses ADNe.
FLEUVES CÔTIERS
Sur le Vidourle, deux sites identifiés au PLAGEPOMI 2016-2021 ont bénéficié d’un suivi en 2021 : Saint-Laurent-d’Aigouze (2 nuits) et Marsillargues (8 nuits de suivi au seuil de Villetelle). Le suivi s’est déroulé du 12 avril au 7 juin. Le nombre de nuits reste donc assez restreint cette année, ce qui incite à la prudence dans l’interprétation des résultats. 65 bulls ont été dénombrés: 19 sur Saint-Laurent d’Aigouze, comptabilisés sur une seule nuit (23 avril) et 46 répartis sur 4 nuits au seuil de Villetelle. Ce résultat, similaire à l’année passée, reste bien en deçà de l’activité des années précédentes (plus de 400 bulls entre 2015 et 2017, et plus de 1000 bulls par saison de 2008 à 2010, même si l’effort de suivi n’était pas comparable).
Néanmoins, les travaux de restauration de la continuité de ces dernières années permettent à l’Alose de remonter désormais jusqu’à la Roque d’Aubais et peuvent expliquer pour partie la baisse d’activité de reproduction sur les sites de Saint Laurent d’Aigouze et Marsillargues. Les prélèvements ADNe confirment la reconquête du Vidourle par les aloses sur les secteurs amont (détection à l’amont de Villetelle en 2021). Toutefois malgré 5 nuits de prospections, aucun bull n’a été observé sur ce secteur. Comme lors des saisons précédentes, les aloses sont arrivées précocement sur le Vidourle en 2021 par rapport aux autres sites de suivis, avec des captures d’individus rapportées à MRM dès le 29 mars.
En complément des 19 bulls complets du site de SLA, 11 bulls avortés à la suite d’attaques de silures ont également été consignés. 5 bulls ont aussi été attaqués à Villetelle.
Sur l’Aude, 380 bulls ont été comptabilisés en 17 nuits en aval du seuil de Moussoulens (2 nuits par semaine entre le 23 avril et le 17 juin). La reproduction a démarré le 26 avril et s’est terminée le 10 juin, avec un pic d’activité entre la mi-mai et début juin. 8 bulls ont été la cible d’attaques de silures. Les débits ont diminué fortement au début du mois de juin, ce qui semble avoir stoppé l’activité de reproduction. Compte tenu de ces baisses importantes de débit, des interrogations demeurent sur le succès de la reproduction observée, notamment en raison du fort risque d’exondation des frayères. Ce résultat confirme néanmoins l’intérêt de l’Aude pour la conservation et le suivi de la population d’Aloses feintes de Méditerranée.
Les 2 nuits de prospections effectuées en aval de l’ouvrage de Saint-Nazaire n’ont pas permis d’identifier de géniteurs, très certainement en lien avec le caractère sélectif de la passe à poissons du seuil de Moussoulens. La reprise de ce dispositif de franchissement avec celui de Saint-Nazaire constituent à ce jour une priorité pour la restauration de populations d’aloses dans ce cours d’eau, au regard des habitats disponibles et des travaux de restauration de la continuité déjà exécutés en amont.
3.
Protocole et modalités de calcul
Le suivi de la reproduction de l’Alose sur le bassin Rhône Méditerranée est standardisé depuis 2014 afin d’harmoniser l’effort de suivi des différents partenaires techniques sur l’ensemble des sites. Il s’agit de dénombrer les bulls de 22h30 à 4h, une nuit sur deux pendant une période de 46 nuits entre avril et juin.
Le nombre de bulls sur la saison est ensuite estimé par extrapolation. Des travaux récents (Roussel, 2013) ont montré que le fait de prospecter une nuit sur 2 permettait d’observer environ 50 % des bulls. On considère que pour 10 bulls observés par des opérateurs, on a 10 bulls la nuit suivante. Il est cependant important de noter qu’en deçà de 100 bulls, la marge d’erreur de cette méthode peut aller jusqu’à 67 %. Il convient donc de considérer avec précaution les résultats correspondants. L’activité de reproduction associée à ce descripteur est volontairement transcrite sous la forme d’un « nombre de bulls par saison ». L’estimation du nombre de géniteurs à partir des bulls n’est pas pertinente sur le bassin Rhône Méditerranée, en raison d’un nombre de bulls souvent insuffisant. De plus les formules existantes sont calibrées sur une espèce distincte, la Grande Alose (Alosa alosa), absente de la façade méditerranéenne.
4.
Objectifs et stratégie de suivi
Seuls les bassins du Rhône et du Vidourle font actuellement l’objet d’un suivi. Les différents sites d’observation sont disposés sur la plupart des affluents majeurs du Rhône (Gardon, Durance, Cèze, Ardèche), en général à l’aval d’un obstacle bloquant.
Sur le Vidourle, le suivi est réalisé au niveau des deux premiers obstacles (seuils de Saint-Laurent d’Aigouze et de Marsillargues). Ce suivi a succédé à un programme d’étude spécifique à la migration et la reproduction des aloses, mené par MRM à partir de 2005.
Face à l’ampleur du territoire concerné par le suivi de la reproduction des aloses, MRM s’est entouré de nombreux partenaires, s’associant à des prestataires et des acteurs locaux possédant une connaissance précise des secteurs d’études.
Tous les sites de reproduction ne pouvant être suivis de façon quantitative tel que précisé ci-dessus (une nuit sur deux pendant 46 nuits), des prospections « qualitatives » sont réalisées sur certains sites en complément des stations identifiées dans le PLAGEPOMI. C’est souvent le cas sur l’Hérault et les secteurs amont du Vidourle, grâce à la mobilisation des acteurs et gestionnaires locaux.
5.
Partenaires Techniques
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Rapports d'études
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Rapport 2021
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Rapport 2020
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Rapport 2019
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Rapport 2018
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Rapport 2017
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Rapport 2016
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Rapport 2015